« Portrait de la famille Richer-Bastien Un clan familial soudé et pas ordinaire.
Cette famille n’est pas ordinaire : Denis, le père, enseignant et chercheur qui parcourt l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud; Suzanne, la mère enseignante impliquée dans divers projets qui l’amènent aussi dans ces trois continents, Louis, un des fils, qui constatant que l’enseignement mène à l’aventure, décide de s’embarquer à son tour.
Suzanne Richer montréalaise est enfant du bitume. Les fleurs, les plantes et les jardins ne font pas partie de son enfance. Cependant, elle sait que le programme scolaire des années cinquante ne répond pas à toutes les aspirations qui s’éveillent en elle. Durant une visite à l’Institut Armand Frappier, elle a le coup de foudre pour ce qui se passe dans les laboratoires. Elle s’inscrira à l’Université de Montréal et sera acceptée avec seulement neuf autres filles dans une classe d’une centaine d’étudiants recrus.
Denis Bastien, montréalais est fils de musicien. Au cours de son enfance, il séjourne durant l’été à la ferme des grands-parents maternels à l’île Bizard. Les longues journées à sarcler le jardin avec son grand-père et à l’accompagner dans les champs de grandes cultures l’éveillent à l’agriculture.
Poursuivant leurs rêves respectifs, Suzanne et Denis se rencontrent à l’Université de Montréal lors des activités d’initiation à la faculté des Sciences. Ces passionnés de science et de nature se sont unis en 1965 et trois enfants sont nés de leur union : François, l’aîné à l’esprit plus artistique, aujourd’hui, diplômé en communication, professeur en Technique de photographie au CEGEP du Vieux Montréal et postulant au doctorat dont la recherche porte sur le rôle de la médiation par l’image. Marie-Josée, la cadette, devenue kinésiologue en santé publique et dont le jardinage est un de ses passe-temps favori. Louis qui est l’enfant du milieu démontre dès son jeune âge de l’intérêt pour la science, l’agriculture et les voyages. Il est actuellement enseignant et effectue des recherches appliquées en agriculture.
La jeune famille Bastien-Richer est soudée et les sorties annuelles en camping et en canot les rapprochent davantage. Les parents n’hésitent pas à partager avec leurs enfants leur passion pour la nature et à les sensibiliser aux beautés naturelles qui les entourent.
Enseignants de père, en mère, en fils…
Le hasard fait souvent bien les choses.
Denis qui est secrétaire du Conseil de semences du Québec au MAPAQ dans la ville de Québec depuis 1965 est intéressé par le poste de professeur de Grandes cultures ouvert dans le nouvel Institut de Technologie Agricole (ITA) de St-Hyacinthe en 1967.Un sujet qui intéresse Denis, devenu spécialiste en amélioration des plantes suite à ses études de maîtrise ès sciences à l’Université Mc Gill. Ce poste lui permet également d’effectuer des recherches dans ce domaine au cours de la saison estivale, alors que les cours sont terminés. La famille qui compte un enfant, François, quitte alors la ville de Québec pour s’installer à St-Hyacinthe.
Suzanne qui avait suivi son mari à Québec après ses études de baccalauréat en sciences biologiques et un brevet d’enseignement spécialisé en biologie, y exerçait le métier d’enseignante au secondaire. À St-Hyacinthe, elle occupe un poste d’enseignante au Collège St-Maurice.
Au cours des années, la famille s’agrandit d’un second fils, Louis en 1969 et d’une fille Marie-Josée en 1971. À cette époque, beaucoup d’activités familiales sont organisées par le personnel de l’ITA. Suzanne, Denis et les enfants y participent et Suzanne s’y intègre de plus en plus.
En 1973 Denis, qui aspire davantage à un travail sur le terrain, quitte l’ITA et devient chercheur scientifique à la station de recherches agricoles de St-Hyacinthe. En 1982, il passera à l’entreprise privée pour procéder à la création du Centre de recherche de la compagnie Semico, aujourd’hui connu sous le nom de Nevico à St-Hyacinthe. Enfin, c’est en 1987 qu’il devient consultant autonome et président de la firme Conceptra offrant des services professionnels dans le domaine des productions végétales et des sols.
En 1977 à l’ITA, s’ouvre un poste de chargée de cours en génétique. À cette époque, ce cours fait partie des programmes de Phytotechnie et de Zootechnie dispensés à l’ITA. La candidature de Suzanne est retenue. Toutefois, rien n’est acquis pour Suzanne, qui est d’abord perçue comme l’épouse de Denis plutôt que la pédagogue scientifique expérimentée qu’elle est devenue. Au cours des années qui ont suivies, elle fait sa place et sa charge de cours se diversifie et augmente : Biologie, Physiologie végétale, Zoologie, Biologie Horticole. Cet enseignement des sciences de base est conforme à ses aspirations initiales. L’autonomie des enfants, qui sont devenus de jeunes adultes, permet à Suzanne d’accepter d’autres mandats complémentaires à l’enseignement: aide pédagogique individuelle (API) pendant 5 ans, chef de département en Horticulture et en 1993 personne ressource à la révision des programmes en Horticulture. En 1996, elle quitte l’enseignement et devient conseillère pédagogique à la formation continue où elle collabore à l’élaboration et assure la coordination des programmes de formation de l’Attestation d’Étude Collégiale (AEC) de Jardinier spécialisé et de Gestion de terrain de golf.
Louis, le second fils, peine à faire un choix de carrière. Il connaît la notoriété de ses parents en enseignement et en agriculture. Son intérêt pour l’agriculture est toujours présent et comme tous les jeunes adultes, il aspire à réaliser ses rêves. Il accompagne son père en mission en République Démocratique du Congo lors d’une mission en Coopération internationale en 1989 juste avant le début de ses études universitaires en Agronomie à l’Université Laval. Après ses études, il œuvre quelques années à titre d’agronome et conseiller en cultures maraîchères et grandes cultures. Ce poste a un côté commercial qui est moins attrayant pour lui mais il trouve l’expérience sur le terrain enrichissante.
En 1996, alors que sa mère quitte l’enseignement, Louis est intéressé par la charge d’enseignement qu’on lui propose à l’ITA. Il décide de postuler malgré le fait qu’il sait qu’on le comparera inévitablement à ses parents qui sont passés par là avant lui. Sa grande connaissance du milieu agricole, son expérience pertinente sur le terrain et sa formation adéquate lui valent d’obtenir une charge d’enseignement en phytoprotection et par la suite en grandes cultures, sols et fertilisation dans les programmes agricoles et horticoles. Ainsi s’est établie la dynastie des enseignants Bastien-Richer à l’ITA de St-Hyacinthe.
Des valeurs familiales partagées pour œuvrer en coopération internationale
L’aide communautaire et la coopération internationale reposent principalement sur la fraternité, la sagesse et l’humilité qui sont des valeurs partagées par les enseignants Richer-Bastien.
Les vingt-cinq années de missions de Denis lui ont permis de partager ses connaissances en agronomie avec les communautés de plus de vingt pays notamment avec celles de l’Afrique de l’Amérique du Sud et de l’Europe. Il a réalisé, dans ces pays, des mandats de recherches sur l’amélioration des productions végétales protéagineuses et des céréales et semences. Il a aussi effectué des études de faisabilité et des diagnostiques ainsi que des missions d’évaluation et de suivis de projets agro-alimentaires et agro-forestiers.
Suzanne s’est investie d’abord comme parent, dans la communauté locale scolaire de ses enfants. Son habilité à reconnaître les besoins d’encadrement et de suivi chez les élèves, stimulent sa participation à la fondation et à l’administration du service de garde de l’école de ses enfants.
Elle connaît l’impact social du transfert des connaissances dans les communautés en voie de développement par le travail de Denis. Elle n’hésite pas à l’accompagner lorsque c’est possible et note dans son journal toutes les observations faites sur la nature et au niveau socio-culturel pouvant être récupérées dans son enseignement. Elle s’implique dans le Comité d’Aide au Développement de L’ITA et prononce une conférence sur le projet Capsa de Luoto au Zaïre. Le but de cet exposé était de conscientiser les étudiants à l’importance des projets de coopération sur la vie des paysans. Elle accepte deux missions en Uruguay où elle effectue, entre autres, l’évaluation des besoins de formation du personnel des entreprises uruguayennes impliquées dans un projet de partenariat avec des entreprises québécoises de production de semences.
Louis trace son propre chemin dans le sillon de ses parents. Son intérêt pour les voyages est alimenté depuis sa petite enfance et fait de lui un candidat tout indiqué pour le transfert de connaissances provenant de l’étranger. Son implication à titre de professeur-accompagnateur du voyage pédagogique en Californie des étudiants en Horticulture ornementale de l’ITA en octobre 2004, fut pour lui une expérience exceptionnelle.
L’ITA Campus de St-Hyacinthe : un milieu propice à la réalisation d’une carrière intéressante.
Les carrières inter-reliées de Denis, de Suzanne et de Louis ont toutes pour origine commune le milieu enrichissant de l’ITA Campus de St-Hyacinthe.
Pour Denis l’ITA fut « un tremplin pour accéder aux postes de chargé de recherches et de chercheur scientifique. » Ces postes d’envergure, ses recherches et son expérience cumulés lui ont valu de nombreuses distinctions notamment la Médaille de Distinction Agronomique en 1982 et le titre de Commandeur de l’Ordre du Mérite Agronomique en 2000. Pour Suzanne « Le destin m’a mené à l’enseignement et la chance à l’ITA, où j’ai pu profiter d’opportunités et de perfectionnements qui m’ont finalement menée à la fin de carrière dont je rêvais après trente années consacrées à l’enseignement et à la promotion des sciences fondamentales. » Louis « se bâtit une carrière enrichissante au niveau professionnel dans laquelle il se trouve bien et à l’aise » .
Denis et Suzanne profitent maintenant de leur retraite. Durant l’été, ils se rendent en Gaspésie dans leur petit domaine où le jardinage et les excursions en nature occupent une bonne partie leur temps. Durant les autres saisons, les voyages, les visites de jardins et des expositions horticoles sont au menu. La famille se retrouve à l’occasion et continue de partager leurs découvertes et leurs passions pour la nature et les voyages.
Toujours préoccupés par la qualité de l’enseignement les époux Bastien-Richer formulent un souhait : « À l’ère de Twitter et de Facebook, il ne faudrait pas oublier que les technologies évoluent très rapidement et tombent vite en désuétude et c’est pourquoi nous souhaitons que l’Institut persiste à offrir une solide formation de base aux futurs technologistes afin de les rendre mieux outillés à relever les défis du vingt-et-unième siècle. »