En cinq ans, la vie de Daniel Allard, finissant 1983 de l’ITA – campus Saint-Hyacinthe (zootechnologie) a complètement changé. Il est l’instigateur d’une toute nouvelle culture, l’asclépiade, qui pourrait devenir la source d’une nouvelle industrie de taille considérable au Québec avec une panoplie d’applications prometteuses.
L’aventure de Daniel Allard a commencé il y a cinq ans lorsque François Simard, un spécialiste du textile, tombe sur un « Traité des asclépiades » publié en 1810. Après l’avoir lu, il comprend que ce qui est souvent considéré comme une mauvaise herbe par les agriculteurs, pourrait plutôt devenir une nouvelle fibre textile naturelle et une alternative 100 % écologique à la production de coton. Il en parle à Daniel Allard qui cultive déjà le chanvre et le lin à Saint-Tite et lui demande d’en cultiver. L’ancien de l’ITA croit d’abord à une bonne blague mais décide de tenter l’aventure. Il faut dire que les arguments sont convaincants.
L’asclépiade ne nécessite ni engrais, ni pesticides, ni arrosage et elle produit une soie fine, plus chaude et isolante que la plume d’oie : en fait, plus légère et deux fois plus chaude. En plus, c’est une plante vivace qu’il faut semer seulement une fois tous les dix ans et qui pousse toute seule sur les sols pauvres. Une entreprise de Saint-Hyacinthe en a fait des manteaux très recherchés par les amateurs de sports d’hiver : toute la production a été vendue en une semaine.
Daniel Allard a donc décidé de convaincre d’autres producteurs d’embarquer avec lui de sorte qu’aujourd’hui il y en a maintenant 125 à travers le Québec : en Mauricie, en Outaouais, en Gaspésie, à l’Isle-Verte et en Estrie. Les producteurs ont formé la coopérative Monark dont le président est Daniel Allard : 6 des 7 membres du conseil d’administration sont des anciens de l’ITA. Et les demandes affluent maintenant en provenance de l’Europe et des États-Unis, notamment du Vermont.
Le produit est tellement révolutionnaire que récemment, la célèbre revue Paris-Match a consacré un article de quatre pages sur le soyer ou la soie d’Amérique. Parmi les autres propriétés, la fibre repousse l’eau mais absorbe l’huile et le pétrole deux fois plus vite que les matériaux existants sur le marché et qui sont utilisés en cas de déversement pétrolier. C’est un isolant acoustique et thermique qui pourrait même éventuellement être utilisé par l’industrie automobile et aéronautique.
Daniel Allard se sent en verve quand il en parle. Il l’est presque tout autant lorsqu’il se remémore ses études à l’ITA. Son souvenir : « un grand réseau de contacts qui nous permet de grandir ». Il se souvient également de ses professeurs : « ma pensée a été formée par des enseignants qu’on apprécie bien après ». Il se souvient entre autres d’un de ses enseignants, Claude Champagne
«dont j’utilise encore les techniques ».
Daniel Allard ne se doutait pas que sa vie allait changer autant. Félicitations M. Allard pour votre ouverture et votre esprit innovateur. C’est pourquoi l’Association des anciennes et anciens de l’ITA vous décerne son Coup de chapeau du mois de mars.